Raison et sentiments – Jane Austen

Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgoisie locale étriquée et à l’hypocrisie feutrée.
L’aînée, Elinor a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s’éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de coeur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, incapable de masquer ses sentiments. Jusqu’au jour où Willoughby disparaît…

384 pages

Note : 4 / 5

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J’ai choisi ce titre pour le Reading Classics Challenge 2018 du mois de décembre (oui, je suis hyper à la bourre ^^’). Bien que je ne sois pas fan de romance, j’aime beaucoup Jane Austen. J’ai adoré Emma et Pride and prejudice, et comme on m’avait recommandé de nombreuses fois Raison et sentiments, j’avais très envie de le lire.

Dans ce roman, on suit deux sœurs, Elinor et Marianne, de condition modeste car elles ont été injustement privées de leur héritage. On suit leurs histoires de cœur respectives. Marianne, la plus jeune tombe éperdument amoureuse du jeune et beau Willoughby, amour qui semble partagé, jusqu’au jour où Willoughby disparaît sans explication. Elinor, l’aînée, a aussi ses peines de cœur mais je ne vous en dis pas plus. Alors, personnellement, je trouve que l’intrigue ne fait pas rêver, et c’est plus pour l’écriture, la profondeur de l’analyse de la psychologie et des états d’âme des jeunes femmes que j’ai apprécié cette lecture. Les deux sœurs ont un caractère très différent : l’aînée, Elinor est très réservée, et garde toujours ses sentiments sous contrôle, elle est très pondérée et a un sens aigu des convenances. Marianne, sa cadette est au contraire très expressive, exaltée et exprime ses sentiments haut et fort, quels qu’ils soient. J’ai bien aimé le contraste entre les deux, d’autant plus que ça ne les empêche pas de s’aimer et de prendre soin l’une de l’autre autant qu’il est possible.

Avec Jane Austen, on est plongé dans la société et les mœurs de la fin du 18e, début du 19e siècle. C’est une des raisons qui font que j’aime beaucoup ses romans : on découvre la vie d’une autre époque. Les personnages de Jane Austen appartiennent presque toujours à la petite bourgeoisie anglaise, ce qu’on appelle la « Gentry », les héroïnes sont toujours des femmes qui ont la tête bien faite, raisonnent, et cherchent à échapper aux convenances sociales si importantes à l’époque (Elinor, Emma, dans le roman du même nom, Elisabeth, dans Orgueil et préjugés, Anne, dans Persuasion), et puis, il y a toujours une histoire d’amour. C’est du moins le cas pour les 4 livres d’elle que j’ai lu. Jane Austen a un côté très féministe avant l’heure je trouve. Elle prône le mariage d’amour et se moque des convenances sociales que les hommes, et surtout les femmes doivent respecter. À cette époque, le seul but de la vie d’une femme de la gentry est de « bien » se marier, et on sent que JA critique ce fait. Dans Raison et sentiments, comme dans ses autres œuvres, on sent bien le ton ironique, mordant et la critique de la société sous-jacente à l’intrigue.

J’ai bien aimé cette oeuvre, mais j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs vers le milieu du livre, je me suis un peu ennuyée, mais heureusement, ça n’a pas duré (trop) longtemps.

Raison et sentiments est peut-être le plus abouti des livres de Jane Austen au niveau de l’anayse des moeurs, de la société bourgeoise, mais ce n’est pas mon titre préféré. J’ai davantage apprécié Emma et Orgueil et préjugés (comme quoi, je suis peut-être un peu romantique au fond 😛).

Et bien sur, il y a un film inspiré du livre, avec Hugh Grant, Kate Winslet et Emma Thompson. Ça fait envie vu les acteurs principaux, mais je ne pense pas le regarder, ça doit pas être passionnant en film.

En bref, ce roman n’est pas ultra passionnant (enfin, c’est surtout le milieu qui est long) mais il est très intéressant, on s’attache aux personnages, et en fin de compte, je l’ai bien aimé. 

 

Et vous, vous connaissez Jane Austen ? Quel est votre titre préferé ?

 

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Citations :

« Il ne faut pas chercher trop loin, Marianne. Rappelez-vous ; je ne connais rien au pittoresque et je vous choquerais par mon ignorance et mon manque de goût si j’en viens au détail. Je dirais des collines qu’elles sont escarpées alors qu’il faudrait les qualifier d’imposantes ; du relief, qu’il est étrange et bizarre tandis que vous le qualifierez de sauvage et de romantique ; des lointains qu’ils sont hors de vue au lieu d’être fondus dans une molle brume. Il faut vous contenter de l’admiration que je puis honnêtement vous offrir. Je trouve ce pays tout à fait à mon goût. […] Je n’ai pas l’âme d’un peintre. »

« Et après tout, Marianne, après tout ce qu’il y a d’enchanteur dans l’idée d’une affection unique et constante, et tout ce qui peut être dit sur ce que notre bonheur dépend entièrement d’une personne déterminée, il n’est pas conforme au destin, il n’est pas convenable, – il n’est pas possible, qu’il en soit ainsi. »

« Elle ne parlait pas beaucoup, car, à l’inverse de beaucoup de gens, elle mesurait le nombre de ses paroles à celui de ses idées. »

« Elle parla peu, mais chacune de ses phrases tendait à la gaieté, et bien qu’il lui échappât parfois un soupir, il ne s’évanouissait jamais sans qu’elle le rachetât d’un sourire. »